Passer une nuit dans une chambre thématisée au Japon !

L’amour des fans d’anime étant sans limite au Japon, le Grand Pacific Odaiba a décidé de créer des chambres pour le moins originales pour faire rêver cette clientèle.

Le Himiko pour se rendre à Odaiba

Il existe effectivement trois chambre d’hôtels au Grand Pacific Odaiba de Tôkyô sur trois animes très populaires : Captain Harlock (Albator chez nous), Galaxy Express 999 et Gundam.

Arte propose deux mini-reportages sur ces univers.

Le premier sur Albator avec l’Himiko, que j’avais pu prendre, et les chambres Albator et Galaxy Express.

Le deuxième sur l’univers Gundam et le Gundam Front Tôkyô d’Odaiba que j’avais eu l’occasion de visiter lors de mon séjour à Tôkyô.

Le Gundam Front Tôkyô et son robot

Festival d’Angoulême : Rencontre avec Matsumoto Leiji

Je n’ai pas pu aller à la conférence de la Maison de la Culture du Japon à Paris,  mais j’ai eu la chance de partir à Angoulême pour le 40e Festival International de la Bande Dessinée. Matsumoto Leiji (松本 零士) était l’invité d’honneur pour fêter ses 60 ans de carrière (quand même)! Les vidéos n’étaient malheureusement pas autorisées, mais voici les grands points développés lors de cette conférence.

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1- Influences et origines de ses œuvres

Que ce soit le personnage du pirate de l’espace Albator (Harlock en VO), ou la mystérieuse Maetel de Galaxy Express 999, Maetelcomment Matsumoto a-t-il créé ses personnages? A partir de personnes connues ? De lectures ? En fait, c’est le hasard, des actrices de cinéma japonais et français, et sa famille qui lui ont donné l’inspiration.

Par exemple, d’où vient le nom d’Harlock ? Il s’agissait du bruit des sandales de Matsumoto étant jeune, lorsqu’il longeait la voie ferrée pour aller à l’école. C’était une période difficile, et ce bruit familier était répété comme un mantra par le jeune Matsumoto, pour se donner du courage et persévérer malgré les difficultés. Pour les vaisseaux, c’est son père aviateur et sa passion pour les avions qui ont compté. Le frère de Matsumoto n’est pas en reste, il est devenu ingénieur en aéronautique ! Matsumoto n’hésite pas d’ailleurs à solliciter son frère pour le design de vaisseaux !

marianne-jeunesse-julien-duvivier-1955Pour ses personnages féminins, il y a plusieurs influences. Déjà Matsumoto a pour idéal féminin les femmes douces et aimantes, mais qui cachent un sacré caractère si elles s’énervent : comme sa femme et sa fille nous confia-t-il ! Autre influence, assez connue par les fans de Matsumoto : la femme habillée en noir, blonde et mystérieuse, viendrait de Marianne de ma jeunesse, un film français de Julien Duvivier de 1955. Ce film, qu’il a vu tout à fait par hasard, dans une salle d’art et d’essai de Tôkyô, avec les derniers yens qu’il avait en poche, l’a énormément marqué.Ancêtre Matsumoto

Les dernières influences concernent le design des personnages féminins. Il s’est surtout inspiré d’une grande actrice japonaise de l’époque. Plus curieux, il y a à peine 10 ans, il a retrouvé une photo d’une de ses aïeules : Takako Mise. Il s’est aperçu qu’il avait toujours dessiné les femmes comme cette ancêtre qu’il n’a jamais connu ! Pour Matsumoto, dessiner ce type de femme, c’était forcément dans ses gènes !

2- Ses premiers manga

Nous avons eu la chance exceptionnelle de voir des planches des premiers manga de Matsumoto, qu’il a dessiné lorsqu’il était à l’école primaire et au collège.

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Son style de dessin lorsqu’il était jeune ressemblait beaucoup à celui de Tezuka Osamu (le Dieu du manga, auteur d’Astro Boy), ou à celui de Disney, qui ont été ses premières références.

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Ses professeurs étaient apparemment très compréhensifs et laissaient le jeune Matsumoto dessiner en classe. Certaines planches ont ensuite été publiées dans le journal de son école.

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Il commence dés cette époque à dessiner de jeunes femmes mystérieuses, bien avant de visionner Marianne de ma jeunesse. Des croquis rares et précieux qui ont enchantés les fans présents.

3- Pourquoi seulement de la science fiction en France?

Une autre question a également été posée : pourquoi, malgré l’œuvre très hétéroclite de Matsumoto, seules ses œuvres de science fiction sont arrivées jusqu’à nous ? En effet, tout le monde connait Albator, Galaxy Express 999, voire Space Battleship Yamato ou La Reine du Fond des Temps pour les plus pointus. Pourtant, Matsumoto a testé d’autres genres comme : la biographie (Otoko oidon – 男おいどん), le manga sur la musique et les compositeurs (L’Éternel Allegretto, Bruno Walter ou Herbert Von Karajan), le manga de samurai (Jijo Eiyuuden – 児女英雄伝), ou le manga horrifique (Shinkiro Kitan – 蜃気樓綺譚).

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Pour Matsumoto c’est une raison toute simple. Il trouve que la science fiction est une thématique universelle, qui passe partout. Ses autres œuvres ont des références plus obscures, peut être, pour le public étranger. Le message ou les références ne seraient pas forcément comprises, à moins d’être un passionné. Bref, pas de future publication de ces manga en France. Dommage pour les fans!

4- Message transmis à la jeunesse

Le personnage d’Albator ou de Tetsurô Hoshino sont des jeunes hommes, sans famille, poussés par un idéal plus grand qu’eux, et qui se battent contre des obstacles qui semblent impossibles à franchir. Albator est considéré comme un renégat et un traitre par le gouvernement terrien, qui est sourd devant la menace des Sylvidres. Tetsurô veut venger le meurtre de sa mère en s’attaquant au Comte mécanique. Ce dernier est immortel, car un androïde, alors que Tetsurô est un simple humain… mortel.

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Les manga de Matsumoto sont pour un public d’adolescents et de jeunes adultes, et le message que veut faire passer l’auteur est qu’il faut avoir un objectif et s’y tenir, comme le font ses personnages. Que la persévérance, le courage et la droiture sont des valeurs importantes que la jeunesse ne doit pas oublier. Rien de moins étonnant pour le petit-fils d’une femme attachée aux valeurs des samurai.

5- Et la suite?

Dans l’œuvre de Matsumoto le chiffre 999 (three nine) revient souvent. Il s’agirait d’une référence à un jeu de sabre, dans lequel l’objectif est d’obtenir 1000 sabres. En avoir 999 correspond à quelque chose d’inachevée dans la culture japonaise. Donc pour le moment, l’œuvre de Matsumoto serait incomplète. Plusieurs de ses manga ont lieu dans le même univers. Matsumoto a expliqué qu’il comptait clôturer tous ces univers avec une histoire finale qui répondrait à toutes les questions. Mais il considère qu’il doit terminer sa carrière, voire sa vie sur cette dernière œuvre. Pour lui, ce n’est pas encore le moment d’écrire cette histoire, mais le moment venu, ses fans sauront que sa fin est proche.

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J’ai énormément apprécié cette rencontre, même si je ne suis pas moi-même une fan de Matsumoto Leiji. Monsieur Matsumoto est une personne charmante et disponible pour les fans. Il n’a pas hésité à serrer des mains et à prendre des photos avec des personnes en cosplay (déguisées).

Pour finir cette rencontre, nous avons pu découvrir la bande annonce de Captain Harlock : le nouveau film sur Albator entièrement en images de synthèse.

Harlock 3D